L’IA peut-elle vraiment nous permettre de parler aux morts ?

Et si vous pouviez continuer à discuter avec vos proches disparus grâce à l’IA ? Ce concept, souvent exploré dans la fiction, commence à pénétrer notre réalité avec l’émergence des ghostbots. Avant de les inviter dans nos vies, il est crucial de prendre du recul pour comprendre les ramifications de cette technologie.

L’humanité et le désir de communiquer avec les morts

Depuis toujours, les humains cherchent à préserver le lien avec leurs défunts à travers divers rituels et croyances. Des célébrations comme le Día de los Muertos, Samhain, et Qingming illustrent ce désir universel. Avec les avancées en intelligence artificielle, ce désir prend une nouvelle dimension, ouvrant la voie à des tentatives de « réanimation » des morts.

Les premières initiatives de ghostbots

L’une des premières initiatives marquantes est l’androïde Philip K. Dick, créé par Hanson Robotics. Alimenté par des écrits de l’auteur, ce robot tente d’incarner l’esprit de Philip K. Dick avec humour et profondeur. En 2017, John Vlahos a créé le DadBot après avoir enregistré de longues conversations avec son père mourant, permettant ainsi de continuer à dialoguer avec lui après son décès. En Chine, Sun Kai a demandé à Silicon Intelligence de créer une copie numérique de sa mère décédée, montrant la montée en puissance de cette technologie.

L’essor de la grief tech

L’explosion des deepfakes et des modèles de langage avancés a propulsé le marché des ghostbots, particulièrement en Chine. Ces technologies, qui rendent la conversation de plus en plus naturelle, deviennent progressivement accessibles au grand public. Cette démocratisation soulève des questions éthiques pressantes.

Implications éthiques et philosophiques

Les ghostbots soulèvent des questions sur la conscience numérique et la capacité des utilisateurs à distinguer le réel du virtuel. Les recréations digitales restent des deepfakes limités, mais l’illusion qu’elles créent peut avoir des implications philosophiques et psychologiques profondes, notamment la symbolique de l’abolition de la mort.

Impact psychologique

Nigel Mulligan, psychothérapeute, avertit des dangers potentiels des ghostbots, qui pourraient aggraver la confusion, le stress et la dépression chez les personnes en deuil. Charlotte Jee, journaliste, a expérimenté les ghostbots en commandant des copies numériques de ses parents vivants. Son expérience, où son père virtuel a réagi de manière inappropriée, souligne les risques de tels dispositifs pour les personnes en deuil, souvent les plus vulnérables.

Droits des défunts et régulations

Les ghostbots posent également des problèmes de consentement et d’exploitation des données des défunts. Les chercheurs Tomasz Hollanek et Katarzyna Nowaczyk-Basińska recommandent des mesures pour protéger la dignité des défunts et prévenir la manipulation. Cependant, les régulations actuelles, bien que robustes, demandent du temps pour se mettre en place. En attendant, les abus de ces technologies risquent de proliférer.

La mort et le deuil font partie intégrante de l’expérience humaine. Bien que les ghostbots puissent offrir une forme de réconfort temporaire, il est essentiel de garder les pieds dans le monde des vivants et de progresser dans le processus de deuil. Entourez-vous de soutien humain, qu’il provienne de proches, de professionnels ou de groupes de parole. L’innovation technologique ne doit pas remplacer la progression naturelle et saine vers l’acceptation du départ de nos proches.